IL Y A 80 ANS – LA RAFLE DU VEL’ D’HIV

Les 16 et 17 juillet 1942, 12 884 hommes, femmes et enfants juifs sont arrêtés par la police parisienne lors de la rafle du Vél’ d’Hiv’. Ils seront presque tous déportés à Auschwitz et exterminés par les nazis. Retour sur l’un des événements les plus tragiques de l’Occupation.

La plus grande rafle organisée en France

L’année 1942 marque un tournant dans la persécution des Juifs de France. Après plusieurs rafles en 1941, un premier convoi part des camps de Drancy et de Compiègne le 27 mars 1942. 1 136 hommes juifs sont déportés à Auschwitz-Birkenau. Début juin, en zone occupée, tous les Juifs de plus de 6 ans doivent porter l’étoile jaune. L’étau se resserre encore plus sur les Juifs ostracisés et stigmatisés.

Dans la logique de la conférence de Wannsee (janvier 1942), les dirigeants nazis ont décidé que la « Solution finale » serait également mise en œuvre en Europe de l’Ouest. Des arrestations d’une ampleur inédite se préparent. Elles font l’objet de négociations entre les autorités allemandes et les représentants du régime de Vichy. Le chef du gouvernement, Pierre Laval, et son secrétaire général à la police, René Bousquet, acceptent de livrer à l’occupant des milliers de Juifs étrangers considérés comme « indésirables ». Pour atteindre les quotas fixés, ils souhaitent agir avec la plus grande diligence et mettent leur administration au service de la politique antisémite nazie.

La région parisienne, où vit la majeure partie des Juifs de France, est une cible prioritaire. Il est prévu d’y arrêter plus de 25 000 Juifs allemands, autrichiens, polonais, tchécoslovaques, russes et apatrides âgés de 16 à 60 ans (55 ans pour les femmes). La circulaire secrète de la Préfecture de Police n°173-42 précise dans le détail les conditions de mise en œuvre de la rafle : organisation, moyens humains et matériel à mobiliser, nombre de Juifs à arrêter par arrondissement et par commune… Elle prévoit que « les enfants de moins de 16 ans seront emmenés en même temps que les parents ». Près de 4 500 policiers sont ainsi mobilisés et des dizaines d’autobus du réseau parisien sont réquisitionnés pour transporter les Juifs arrêtés.

La rafle débute le 16 juillet au petit matin. Identifiées grâce au « fichier juif » de la Préfecture de police, les personnes sont arrêtées à leur domicile. Parmi elles, on compte, pour la première fois, un grand nombre de femmes et d’enfants. Les rumeurs qui avaient précédé la rafle ont conduit certains hommes à se cacher, mais bien peu s’imaginaient que l’on arrêterait des familles entières. Sommés de n’emporter que quelques affaires dans une valise, les Juifs appréhendés sont regroupés dans des « centres primaires de rassemblement » (commissariats, écoles, gymnases…). Là, des policiers vérifient les identités et étudient les situations individuelles pouvant faire l’objet d’exemptions. Des femmes de prisonniers de guerre, certaines femmes enceintes proches du terme, des personnes malades sont libérées. Le cas des enfants, dont près de 80% étaient français, pose un problème particulier car les consignes diffusées avant la rafle se contredisent à leur sujet. Certains sont libérés si un membre de leur famille non arrêtable peut les accueillir, d’autres ne le seront pas même s’ils n’étaient pas visés par la rafle du fait de leur nationalité française. Ici, comme au moment des arrestations, certains policiers feront du zèle là où d’autres se contenteront de faire le minimum.

Les célibataires et les couples sans enfant sont ensuite envoyés au camp de Drancy. Les familles sont, elles, enfermées dans l’enceinte du Vélodrome d’Hiver dans le 15e arrondissement de Paris. Pendant plusieurs jours, 8 160 personnes y sont entassées dans des conditions sanitaires déplorables. Rien n’a été prévu pour accueillir autant de prisonniers. L’eau et la nourriture manquent ; les toilettes, en nombre insuffisant, sont rapidement bouchées. Une odeur pestilentielle envahit l’enceinte du vélodrome. Aux cris des enfants se mêlent la détresse et l’incompréhension des adultes. Certains tentent de mettre fin à leurs jours. Dans la confusion, quelques détenus parviennent néanmoins à s’évader. Dehors, les arrestations se poursuivent jusqu’au 20 juillet. Au total, 13 152 personnes seront appréhendées.

Du 19 au 22 juillet, les familles du Vél’ d’Hiv’ sont transférées dans le Loiret et internées dans les camps de Beaune-la-Rolande et de Pithiviers. Les adultes et adolescents sont déportés en premier. 3 000 enfants en bas âge sont brutalement séparés de leurs parents et laissés sur place dans une affreuse détresse. Début juillet, Pierre Laval avait annoncé avoir « obtenu – contrairement aux premières dispositions allemandes – que les enfants, y compris ceux de moins de 16 ans, soient autorisés à accompagner leurs parents ». Le 13 août, Berlin donne son accord pour que les enfants soient répartis dans les convois de déportation. Ils sont alors convoyés à Drancy et, pour le plus grand nombre, aussitôt déportés et assassinés dans les chambres à gaz d’Auschwitz-Birkenau.

Source : Vie Publique.


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